25 septembre 2007

L'Image

À Bhaktapur, j'ai rencontré un jeune peintre rafistolé en quête d'argent pour son école, ses Beaux-Arts. Bouddhiste, il vit avec d'autres de son espèce dans une bâtisse aussi chaleureuse que fissurée dont les murs sont ornés de trésors : des toiles peintes rouge et or aux traits miniatures et précis. Histoire de Siddhartha, mandala du Dalaï Lama ou danse de Shiva masquent la grisaille de ces murs centenaires qui croupissent sous la vermine. Pour les restaurer, ces jeunes peintres vendent leurs oeuvres aux voyageurs et touristes qu'ils attrapent avec des sourires. Je me laisse attraper car j'aime me faire prendre par la beauté, même un peu hypocrite. J'écoute donc l'histoire du pinceau à un seul poil qu'ils utilisent ici pour peindre le détail. Mais surtout, j'apprends avec intérêt que le premier coup de pinceau n'est autorisé à l'élève par ses maîtres, - des moines -, qu'après des années de méditation au cours desquelles il faut tout d'abord apprendre à visualiser son art. Il faut que les yeux soient grand ouverts avant de produire une seule image.
Les miens sont grand fermés. Aucun parcours méditatif ne m'a amené à faire ce que je fais. Je filme sans religion. Je l'ai eu un temps, cette mystique de l'image, mais je ne l'ai plus. La télévision l'a tuée. Il y a un rythme qu'il faudrait respecter quand il s'agit de faire des images, un rythme lent. Ce n'est pas celui de la télévision. Définitivement, celle-ci est grandement responsable de la perte du sacré. L'image, c'est, ou plutôt c'était sacré. Ça ne l'est plus. Mais les images sont partout.

1 commentaire:

lullinette a dit…

pour aprofondir une thématique parallèle et imbriquée, si on veut verser dans le noir c'est noir: "la tyrannie technologique, critique de a société numérique"...