16 mars 2005


Video ergo sum (Ramallah, 2004)

Je vois, donc je suis

L’œil greffé à une caméra vidéo, je parcours depuis peu, occasionnellement et modestement, la planète qui supporte mes pas. J’en ramène des images montées et mixées, compactées et formatées, projetées et télédiffusées, noyées dans un flot d’images qui celles-là ne sont pas les miennes. Mais mes images à moi, elles-mêmes, m’appartiennent-elles encore et ne m’ont-elles jamais appartenu ?
De ce point de vue, suis-je à la hauteur de ceux qui m’ont confié leur image ? Ai-je eu raison de les saisir un instant, de capt(ur)er un peu de leur identité pour perdre celle-ci aussitôt dans une masse numérique indigeste ?
Qu’est-ce qui me pousse à vidéographier toujours et encore ? Suis-je honnête ? Ai-je le contrôle ? Ne suis-je qu’un bras, qu’un œil, l’excroissance d’un monstre télévisuel auquel je ne peux échapper ?
Je vois, je vois, je vois. Voyez-vous ce que je vois ?
Je vois, donc je suis.